vétérane
C'est ce que je ressens ces derniers temps.
Avec tout ce que ça comporte : mon côté bon petit soldat, ma connaissance dans le domaine du cancer du sein, la sensation d'appartenir à une famille qui a vécu des combats similaires, ma difficulté à me réacclimater à la vie, le côté post traumatic stress disorder même si ce n'était pas le vietnam, mais aussi, et ça, c'est à savourer, l'idée que cela fait partie du passé. Crossed fingers.
Jusqu'à l'anagramme de vétérane : entravée.
J'ai d'autant plus ressenti appartenir à ce camp lorsque je me suis retrouvée dans un colloque sur le cancer du sein ce mois-ci.
D'ailleurs, il n'y avait presque que des vétéranes dans le public. Colloque pourtant ouvert à tous.
Mais franchement, qui d'autres à part des professionnels ?
Peu de monde, et parmi les cancéreuses, que des anciennes.
Qu'est-ce-que je fichais là, moi ? Et bien j'avais repéré dans les intervenants, mon ancienne oncologue, ma nouvelle, mon radiothérapeute, et j'étais curieuse de les entendre. Comment s'adressaient-ils à un auditoire 'neutre' ? Comment parlaient-ils de leur métier, quel regard avaient-ils sur leurs pratiques, ...
De ma nouvelle oncologue, j'ai retenue une phrase. Quelqu'un lui demandait s'ils étaient formés à l'annonce du cancer. Elle a répondu : "oh vous savez, la formation de médecin, c'est en tout en pour tout 12 heures de psychologie médicale dont 2 sur le deuil, alors vous voyez ! Après c'est le terrain."
Oui, on voit.
Bon, je n'étais pas venue que pour écouter mes soignants biensûr, et tout m'intéressait à priori, tant dans le contenu que dans la manière dont ce serait abordé.
Et c'est là que je reviens à cette notion de vétérane d'une époque révolue.
C'est sûr que les traitements ont peu évolués.
Par contre, la prise en charge de la maladie semble vraiment s'être améliorée.
A commencer par la généralisation des infirmières d'annonce, celles (ou ceux) qui vous 'récupèrent' à la sortie de La consultation.
La coordination du parcours de soins également.
Le PPS (programme personnalisé de soin) remis au patient, un calendrier des traitements qui vont suivre, des coordonnées de professionnels type assistantes sociales, psys, la Ligue,...
J'ai découvert ce qu'était le DPPR mais aussi l'arrêt de l'archivage numérique des images radiologiques. Quand j'avance, tu recules...
Et les infirmières du service d'oncologie de l'hôpital de R... qui ont suivi une formation à l'hypnose ! Dingue !
Le plan-cancer 2 est passé par là.
Je sais, ce n'est pas tout rose encore de partout. Mais enfin, ça en prend le chemin...
Mais ce que j'ai vraiment vraiment adoré ce jour-là, c'est l'intervention d'une jeune socio-esthéticienne fraîchement sortie du CODES. Même si elle a peu parlé, car pas très à l'aise, elle a tellement détonné après tous ces spécialistes, radiologues, oncologues, chercheurs, directeurs de GIP, responsables d'HAD,...
De l'humain !
Quel merveilleux métier. Je ne savais pas. Je pensais bêtement que les soins esthétiques prodigués en milieu médical, étaient fait par des esthéticiennes zélées. Certainement pas qu'elles avaient suivies une formation couronnée par un diplôme d'état. (pas toutes sans doute...)
Une belle découverte pour moi. Tout-à-coup, tous mes préjugés sur le métier d'esthéticienne, pfff.
Qu'une si jeune personne ait eu envie de faire ce métier m'a mis du baume au coeur !
Je n'ai pas bénéficié de ce type de service pendant ma période de traitements, ça n'existait pas, et ça m'a clairement manqué. A la fois se faire coocooner, reprendre confiance dans son image franchement délabrée, rencontrer d'autres patientes,...
Je sais, tout n'est pas si merveilleux que ça, sans doute sont-elles overbookées, y accéder relève peut-être du parcours du combattant...
Mais laissez-moi rêver !