Rêves éveillés
Dans les premiers temps de mon cancer, mon imaginaire marchait plein-pot.
je rencontrais une rangée de noyers, j'y voyais les combattantes du cancer.
Je foulais un sol piétiné avec quelques brins d'herbe qui y poussaient, j'y voyais mon torse.
Quand je pensais à ma cicatrice, je voyais ground zero à Manhattan !
Je faisais même pour la première fois de ma vie, des rêves éveillés. Je ne savais pas que cela existait avant ça. Et j'adorais.
Pour ceux qui ne connaissent pas, en fait, c'est un petit scénario qui surgit, et qu'on laisse dérouler.
En fait, je parle de rêve éveillé, mais je ne sais pas si c'est le bon terme, puisque habituellement, il se fait par le biais d'un thérapeute...
J'en ai déjà raconté un dans ce blog.
Mais j'en ai fait d'autres que j'aime beaucoup aussi.
Par exemple, celui de la barque.
Je l'ai fait lors de mon hospitalisation. Il a évolué de jour en jour.
Au début, je viens de tomber d'un paquebot, je me débats dans la mer, pas très loin du rivage, mais assez pour être incapable d'y retourner. Pas assez bonne nageuse, je panique et ne réussis qu'à sortir la tête de l'eau, en me débattant comme une folle.
Je réussis à m'accorcher à un bois qui flotte, ouais, comme dans les films en effet !
Plus tard, une barque arrive avec à son bord mon chéri et mes enfants. Il me hisse à bord. Nous

Il va plus vite que nous, et disparait au loin.
Oui, ce rêve éveillé est vraiment limpide et cul-cul la praline, mais il me plait !
Un autre : J'ai d'énormes araignées qui montent à toute vitesse sur mes jambes, je les chasse avec les mains. Du coup, elles tombent, mais immédiatement, remontent. Tout ça est très effrayant pour moi qui ai une vraie phobie pour ces bêbêtes.
plus tard, après mon opération, ce rêve éveillé reviens : ces mêmes araignées ont maintenant fait leur nid sur mes jambes, elles ne courent plus, recroquevillées, et se multiplient. Je ne les chasse plus, j'ai baissé les bras.
Ouais, bof, moins cool, celui-là !
Dans 'Aloïs ou la nuit devant nous' de Louise Lambrichs, le narrateur qui vient de prendre sa retraite, parle d'un "séisme assez important pour expliquer cette brusque irruption d'images floues, de souvenirs lointains, et cette activité onirique aussi bien nocturne que diurne. Sans doute s'agit-il d'une réaction de survie." Il parle aussi de "brèche". Oui, en effet... Et maintenant, elle serait colmatée ?
Dommage, ça me plaisait bien...
L'ours vient du livre 'les Songes de l'ours' de François Delebecque, aux éditions Thierry Magnier, une petite merveille !