Mauvais sang
Je m'apprêtais cette semaine, à archiver toute ma paperasse 'cancer'.
J'ai en effet comme tous ceux atteints de problèmes de santé, un big classeur.
S'y trouvent ordonnances, courriers administratifs, arrêts maladies, analyses de sang, compte-rendus d'échos, radios, etc... Tout, quoi.
Mes études de documentaliste ne m'ont en rien aidée quant à la méthode de classement : fallait-il faire des onglets par type de documents (bilans sanguins, ...), par grande classe de traitements (chimio, rayons, médecines parallèles, ...) ou par chronologie ? Pas vraiment tranché et c'est un mélange de tout ça.
Pendant longtemps, j'ai trimballé cet encombrant classeur chez les professionnels de santé, comme un prisonnier son boulet. Jusqu'à ce que je me trouve ridicule.
Dorénavant, je ne le prends plus avec moi. Par contre, je me suis fait une 'chronologie' : une liste papier qui énumère toutes les dates de la maladie et ses traitements.
Ce qui fait que lorsqu'on me demande 'de quand date votre dernière mammo' ou 'à quand remonte la dernière prise de sang', illico, je trouve ça. Parce que la mémoire des dates, c'est pas mon fort. Ni des chiffres d'ailleurs, ni des noms (de médicaments),...
Par contre, la mémoire des sensations, ça oui...
Par exemple, ce matin, en étudiant mon analyse de sang datant d'hier, et voyant mes transaminases montés en flèche depuis 6 mois, il m'est remonté plein de souvenirs franchement désagréables. P... de transaminases ! D'abord parce que ça finit comme un très gros mot. Je vous laisse le deviner. Et aussi parce qu'ils m'ont totalement traumatisés lors de ma chimio numéro 3. Montés en flèche. Au point que l'oncologue me diminua mes doses de chimio de 20%. Ces fameux 20% me sont restés en travers de la gorge pendant très très longtemps...
D'ailleurs, encore maintenant...
Pourquoi mes transaminases à l'époque étaient montés en flèche, je ne le sais que trop. Ou enfin, je le présume. J'avais eu la très mauvaise idée de me gaver de compléments vitaminiques et autres produits bios à base de plantes. Fallait voir ce que je m'ingurgitais chaque jour (cf la photo), très impressionnant, et en plus de cette automédication (induite par des recherches internet), j'avais été voir une phytothérapeute qui m'en avait rajouté une couche. Et 15 jours plus tard, les analyses catas sous les yeux, mon oncologue me jette : 'Vous ne prenez rien en parallèle de vos traitements ?' J'ai balbutié que je prenais en effet des plantes... Tellement sous le choc que j'étais infoutue de lui citer lesquels. 'Alors vous arrêtez TOUT !'
Glups. La petit fourmi n'avait pas mouffeté et avait fait profil bas.
Je m'en voulais à mort. Et l'arrêt total de tous ces produits a permis une baisse des transaminases, mais jamais assez pour que mes doses de chimios redeviennent 'normales'. Evidemment, la phytotérapeute a nié toute interaction. C'est drôle comme tout-à-coup, les plantes ne pouvaient plus avoir d'effets...
Oui, je sais, c'est la guéguerre entre les uns (médecine allopathique) et les autres, et peut-être qu'effectivement, cela n'avait pas de rapport. Cependant, je ne saurai conseiller à ceux qui font des chimios de faire très gaffe.
Quelques mots sur la vitamine D. J'en prends quotidiennement ou presque, selon les recommandations 'anticancer'. Avant que je prenne mes petites gouttes quotidiennes, mon taux était archi bas. Ce qui ne m'étonna pas vu mon mode de vie. Jamais ou presque de soleil. Depuis, il est dans la bonne fourchette. Mais tout juste. Imaginez que mon taux est à 30,1 ng/ml alors que la fourchette démarre à 30 ng/ml !!!
C'est là la seule supplémentation que je m'octroie, et sous couvert de ma généraliste qui est très pointilleuse sur la vit. D, je vous rappelle qu'elle a eu le même cancer que moi au même moment... Ca laisse des traces !
Va falloir qu'elle m'éclaircisse sur ces p... de transaminases.
Pas trouvé sur la toile qu'ils pouvaient monter à cause d'une surdose de chocolats, dommage.
Bref, tout ça pour dire que je vais attendre avant d'archiver mes paperasses au grenier...