Je ne reverrai plus mon oncologue
Terminé. Et je ne reverrai ainsi plus le petit tableau qui traînait sur son bureau, représentant le Christ descendu de la croix...
Quand je lui avais fait remarquer que ce n'était pas très gai comme image à avoir sous les yeux toute la journée, elle m'a répondu que c'était ce qu'elle vivait au quotidien dans son travail.... Glups !
Bonjour l'ambiance !!!!
Face à cette femme au haut 'pedigree' professionnel, je me suis toujours sentie comme une minuscule fourmi, et elle une espèce de vieille éléphante. Non pas qu'elle montrait du mépris ou quoi que ce soit de négatif, mais elle avait une distance telle...
Le pire, c'est que j'ai trouvé sur internet une interview d'elle, où elle expliquait que depuis toute petite, elle avait voulu faire un métier pour aider les autres. Que cela remontait loin chez elle. Et que naturellement, elle s'était orientée vers la cancéro, etc...
Je me dis que c'est vraiment dommage qu'une personne comme elle n'ait pas atteint son but, côté humain, je veux dire. Car pour ce qui est de mon cancer, on peut dire qu'elle s'en est bien tiré. Mais pour le petit 'plus', c'est raté.
Enfin, je parle pour moi.
Ah oui, j'ai oublié de vous dire, je ne la reverrai plus car elle a changé d'hôpital, elle est allée soigner d'autres mourants ailleurs...
Je l'ai appris par hasard, et j'avoue en avoir été très vexée. Je me dis que si j'étais oncologue à suivre des chemins de croix et aussi des descentes au tombeau, je ne pourrai pas quitter les gens comme ça, sans prévenir.
Oui, d'accord, je ne suis pas oncologue.
Mais on ne quitte pas un endroit sur un coup de tête bon sang ! Un petit mot, hein ? ...non ?... ça se fait pas ?... Ha bon.
Orpheline. Abandonnée.
Oh biensûr, je vais avoir une remplaçante, que je connais d'ailleurs. J'ai eu affaire à elle une fois, chimio n°3.
Ce fameux jour, elle a pris la décision de réduire mes doses de produits (transaminases trop élevés). Moi qui aurait bien aimé double dose, me les réduire ! Alors j'ai forcément un peu de mal avec elle, surtout qu'elle n'a pas pris de pincettes pour me l'annoncer. Ca reste pour moi le PIRE MOMENT de toute cette mésaventure cancéreuse (heu... à part l'annonce). Tiens, mais au fait, c'était un 8 novembre...
Bon, bon, bon. Va falloir que je lui pardonne si j'en juge ce tableau. L'avenir me le dira.